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86 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE


par des causes géographiques élémentaires : la culture antique, localisée sur les côtes maritimes et les rives des fleuves, s'oppose à la culture de l'intérieur des terres (Binnenkultur) du moyen âge et des temps modernes. D'autre part, se demandant si l’on trouve dans l'antiquité un capitalisme, au sens moderne de ce terme, il croit. que les anciens n'ont pas connu la fabrique et les travailleurs d'industrie. Mais il ÿ a eu un capitalisme antique, si l'on entend par là le fait que des particuliers utilisent leurs biens en vue du gain, et l'on en peut énumérer bien des formes : fermage des impôts et travaux publics, mines, commerce maritime, emploi d'esclaves dans les plantations, banques, prèts hypothécaires, commerce à l'étranger, location (Vermietung) d'esclaves, exploitation capitaliste d'esclaves industriels qualifiés, avec où sans ateliers. Bien d'autres questions sont envisagées dans ces 300 pages où il a fait tenir toute une sociologie de J’antiquité?,

A la même époque, il écrivit deux études qui devaient servir d'introdue- tion à la grande enquête organisée par le Verein für Sosialpolitik sur la sélec- tion et l'adaptation des ouvriers de la grande industric?. Lui-même avait fait à cette occasion une enquête personnelle dans une grande usine de tissage. 11 y examinait les travaux de Kraepelin et de son école sur les condi- tions physiologiques du travail ouvrier. Ces méthodes de laboratoire lui paraissaient d'une application si difficile qu'elles ne permettaient d'observer qu'un nombre très limité de sujets. 11 faudrait combiner et corriger l'une par l'autre la méthode des moyennes qui porterait sur un grand nombre de cas, et l'observation de cas individuels particuliers et conerots. L'appui que les sciences de la nature et les sciences sociales pouvaient se prêter était en somme assez limité.

En 1908-1909, il forma le projet d’une grande publication collective, le Grundriss für Sosialékonomik, qui devait compter parmi ses collaborateurs plusieurs des économistes théoriciens et spécialistes les plus connus des deux pays de langue allemande. Lui-même en assura la direction. Les deux pre- mières sections seulement parurent avant la guerre. La troisième, qui est l'œuvre propre de Max Weber, ne fut publiée qu'après sa mort, sous le titre : Économie et société*. Elle est malheureusement inachevée. La première partie, qui fut rédigée en dernier lieu, nous présente une « théorie concep- tuelle» de la sociologie économique. Les définitions, classifications, dévelop- pements s'y succèdent et s’y enchaïnent à la manière des chapitres d'un traité scientifique où les faits ne sont rappelés qu'à titre d'exemples ou d'illus- trations. Quant au reste de l'ouvrage (p. 181 à 817), composé vers 1911-1913, c'est une sorte de sociologie descriptive et concrète, qui a servi de point de départ et de base expérimentale à l'exposé plus abstrait du début.

H y a derrière toute cette construction une doctrine des catégories socio- logiques qu'il n'est pas facile de formuler. Weber y travaillait encore, lorsque











1. Agrarverhälnisse im Altertum, dans : Handwôrterbueh der Staatswissenschaft, 3 Aufage, 1909. Reproduit dans : Gesammelte Aufsätze zur Sozial-und Wirachaftsgesehichte. D. 1 à 288, Tübingen, 1944. Voir notre compte rendu, Année sociologique, nouvelle série, tome 1, 1926, p. 748.

2. Zur Paythophysik der induetriellen Arbeit. Archi für Sorialwissenschaft, Band 27, 28 el 29, 1908-09. Reproduits dans : Gesammelle Aufsatre sur Soziologie und Sorialpoliti p. 4 à 255, Tébingen, 102.

3. Wirischaft und Gesellschaft, dans : Grundriss der Sozialôkomomih, 11 Abtelung 4er, 2e und 36 Teil, 4922, 840 p. �