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LES PLANS PARCELLAIRES 67

c'est le moment de la «réaction féodale»; d'ordre intellectuel : les méthodes scientifiques, applications des sciences mathématiques, commencent à péné- trer la vie quotidienne.

{Un très grand nombre de fonds seigneuriaux ayant été confisqués en vertu des lois révolutionnaires, la plupart des plans anciens sont à présent conservés, soit à Paris, aux Archives Nationales (où, au mépris de la règle tutélaire du «respect des fonds», ils ont été, en principe, mais non toujours en fait, distraits des papiers terriers auxquels, originellement, ils se rattachaient, pour former, avec toutes sortes d'autres cartes, une série spéciale : la série N), soit dans les Archives Départementales, Certains, pourtant, sont demeurés entre les mains de particuliers, ayants droit des ci-devant châtelains, de leurs intendants, notairest, ou arpenteurs. D'autres encore n’ont quitté, sous la Révolution, les coffres du seigneur où de son fermier que pour ceux de la mairie voisine, où, bien souvent, en attendant la confection plus ou moins tardive du cadastre officiel, la municipalité les employa à asscoir la contribution foncière, C'est ainsi que les beaux plans du marquisat de Bâville, exécutés de 1786 à 1789, sont actuellement dispersés entre plusieurs communes de la Seine-et-Oise 2.

ÆEnfouis dans des bibliothèques privées, les plans échappent presque nécessairement à tout inventaire général. Déposés dans les mairies de villages, ils courent également grand risque de passer inaperçus ; on les verra pourtant quelquefois mentionnés, au milieu de beaucoup d’autres pièces, dans les collections d'inventaires d'archives communales que publient certains dépar- Lements, ou bien encore dans les rapports annuels des archivistes départemen- taux, bourrés, à l'ordinaire, de renseignements précieux, mais difficiles à se procurer et lamentablement dépourvus d'index3, 11 semblerait que dans les Archives Départementales ou Nationales la situation dût être plus favorable De fait, un certain nombre d’Archives Départementales possèdent des réper- toires des cartes et plans, généralement sur fiches ; à Paris la série N est dotée d'un inventaire manuscrit. Mais que ces instruments son£ insuffisants ! Sans vouloir diminuer en rien le mérite des admirables travailleurs qui, depuis le milieu du siècle dernier, ont accompli, dans nos archives, une si utile besogne de classement et de description, il faut bien reconnaître que leur formation les avait mieux préparés à dresser la fiche signalétique d’une charte que celle d'un document topographique. Le chercheur, préoccupé d'histoire rurale, demande essentiellement à un répertoire de plans quatre indications : 19 la date (laquelle, dans beaucoup de cas, ne peut être déterminée que par l’exa- men des pièces jointes, les cartes manquant fréquemment de mentions chrono logiques, les terriers jamais) ; 2° l'échelle (souvent très délicate à fixer) ; 39 la surface levée ; 4e le plan est-il parcellaire ou non ? Dans les répertoires actuels, les trois premières indications sont rarement toutes trois réunies, et n'ont plus rarement encore la précision nécessaire. La quatrième, la














1. Ronat Dunois-Conxrav, Paris de Montmartel [1917], p.147, n. 8, signale des plans- terrlers de Brunoy dans l'étude d'un notaire de ectte localité, 11 s'en rencontre également dans les papiers nolariaux versés aux Archives du Bas-RUR.

2. Celui de Saint-Sulpice-de-Faviéres (cant, Dourdan) a été versé aux Archives Dépar- tementales : E supplément. CI, pour le Lot, P. LAVEDAN, Qu'est-ce que l'urbanisme ?, 49256, p. 178, n. 1.

3! 1e rappelle que la Chronique des Archives départementales, que M. Vinien falsait paraitre depuis 1929, dans le Bulletin philologique el historique, résume les rapports annuels des archivistes ; souhaitons que cette utile publication soit continuée,