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LES PLANS PARCELLAIRES 4. LE PLAN PARCELLAIRE DOCUMENT HISTORIQUE

Le Recueil méthodique des lois, décrets, règlements, instructions et décisions sur Le cadastre de la France, Paris, Imprimerie Nationale, 1841, n'offre peut- être pas une lecture particulièrement attrayante ; mais c’est, comme beau coup d'écrits émanés des administrateurs de ce temps, un ouvrage d'un fort bon style. On y trouve une définition parfaitement précise de la parcelle : «une portion de terrain... (19) située dans un même canton, triage ou lieu ait, (29) présentant une même nature de culture…, (39) appartenant à un même propriétaire 1». Supposons que, levant le plan d'un terroir rural ou d'une &e ses sections, on reporte sur le papier les Jimites de toutes les parcelles : nous aurons ce qu’on est convenu d'appeler le plan parcellaire de cette sur- face. Supposons encore — le cas est réalisé assez souvent dans les plans anciens — que le cartographe, au lieu de s'attacher à reproduire toutes les parcelles, à l'intérieur d'un espace donné, se soit contenté de dessiner les contours de certaines d'entre elles, choisies en raison de tel ou tel caractère particulier, le plus souvent l'appartenance à un même propriétaire (par exemple, sous un régime seigneurial, celles qui constituaient le domaine ; le plan ainsi obtenu, si incomplet qu'il soit, sera encore dit : parcellaire.

Documents historiques, ces plans, œuvre menue de seigneurs penchés sur leurs redevances ou d’administrations en mal de fiscalité ? documents vivants, ces mornes feuilles où l'œil inexpérimenté n'aperçoit qu'une foule de petits traits, rayant le papier dans tous les sens ? Dans les bureaux des Contributions Direcles, où, comme on le verra plus loin, un grand nombre de plans parcel- laires français sont déposés, parfois un propriétaire rural, inquiet sur son bornage, vient les consulter; nul ne s’en étonne. Mais si, d'aventure, c'est un historien qui en demande communication, l'amusement qu'il perçoit sous la courtoisie de l'accueil a vite fait de lui donner le juste sentiment de ce que sa curiosité, aux regards du grand publie, a de paradoxal. Par malheur, il semble bien que, en France, le personnel des Finances ne soit pas seul à penser de la sorte. Alors que, en Allemagne, les Flurkarten, en Angleterre, en Belgique, les plans analogues sont depuis longtemps exploités par les histo- riens, les plans parcellaires français qui, pourtant, ne manquent point, n'ont presque jamais été étudiés. IL est urgent d'attirer sur eux l'attention des tra- vailleurs, et notamment de ces chercheurs, préoccupés d'histoire régionale ou locale, dont nous espérons un si grand secours pour nos études : écrire l'







1. Art, 430. Cf, pour des précisions de détail, les articles suivants, On remarquera Jes mots: « canton, triage où lieu dit », Par ces mots et par beaucoup d'autres (On en trouvera auelqes-uns énumérés dans F-H.-V. Noter, Du cadastre, 2° 6d,, 1863, D. 10, n. , la langue rurale, dont la terminologie varie à l'extrême, désigne des groupes de parcelles, formant unité agraire et caractérisés, dans les pays de « champs ouverts », par une méme direction de sillons {c'est le Gewann des historiens allemands). Dans les + Campagnes + de la France du Nord, deux terres labourées, contigues sur une partie de leur surface et appartenant au même propriétaire, seront Loujours traitées comme deux parcelles dis- Lnetes, si l'orientation des eillons y est différente.