Page:Annales d’histoire économique et sociale - Tome 1 - 1929.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

54 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

atteint 3 300 000 ; (sur ce contingent la partie de l’ancien empire russe qui correspond au territoire actuel de l'U. R. S. S. fournissait à peu près le tiers; le reste était fourni par les allogènes des confins de l'empire, Polonais, Finlandais, Juifs... Ceci indique que, à partir du milieu du xixe siècle, l'émigration outre-mer commence à concurren- cer la colonisation de POrient. Cette dernière, en effet, une fois ocou- pées les régions facilement accessibles et très fertiles, présentait des difficultés considérables qui proviennent manifestement de l'énormité du voyage par voie de terre et des caractères du climat sibérien. Mais il y avait surtout le fait que les possibilités des territoires véritable- ment neufs se trouvaient considérablement réduites.

N'oublions pas qu'une bonne moitié du territoire soviétiste est pra- tiquement, dans les conditions actuelles de l’économie rurale, impropre à la culture. La zone glacée ou mi-glacée compte déjà environ 7 millions de kilomètres carrés sur un total de 21. D'autre part les régions semi- désertiques de l'Asie centrale demanderaient pour être mises en valeur des travaux immenses, qui réduiraient de beaucoup pour la génération actuelle les possibilités de colonisation. Il semble done bien qu’à notre époque l'excédent de la population ne peut plus compter uniquement sur une extension en surface, mais doit s’accumuler en profondeur.

Pendant les siècles précédents, ces deux développements ont été de pair. Alors que les masses de colons s'étalaient vers Orient, la densité de la population dans les régions occidentales, puis dans In région pré-asiatique, allait sans cesso en augmentant. D'après les données des révisions, dans la région de Moscou, la densité passe de 26 au kilomètre carré, en 1724, à 35 en 1858 et 45 on 1897. Dans la région de Kiev, elle passe de 10 en 1724 à 36 en 1858 et 50 en 1897. Dans la région de Léningrad, — notons ici le relèvement un peu artifi ciel de la densité par l'établissement de la nouvelle capitale, — la den- sité passe de 4,5 on 1724 à 18 en 1897. Dans le Sud (Azov) la densité passe de 3,5 en 1724 à 39 en 1897, Enfin dans l'Est (Kazan), elle passe de 2,3 en 1724 à 26 en 1897.

Ce phénomène d'accumulation se trouve corroboré par le dévelop- pement absolu et surtout relatif de la population urbaine, que met bien en évidence le tableau suivant :





Population urbaine.

Dates en mil on pour 100 du total 1724 : series 328 3 ÉTAD ser 802 34 182 1602 me 4, ; 3482 78 1878 . con 92 1897 16 829 13,0 1927 26 300 19,7