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LE PROBLÈME DE LA POPULATION EN U.R.S.S. 51

nombre des morts par épidémies sur 10 000 habitants a varié de Ja façon suivante :



Typhus

exanthématique récurrent intesti Variole 1913 aus 7,8 19 26,6 sa 1926 3,8 1,0 8,8 En 1997 sas 2,3 o4 2,6 (]

Fait considérable, le choléra a pour ainsi dire disparu. La morta- lité infantile a baissé de 26 p. 100 en 1913 à 18,7 en 1926, (Ia diminu- tion a même été de 50 p. 100 à Moscou). Cette diminution est en partie à reporter sur le fonctionnement des assurances sociales qui rendent moins lourd pour une famille de travailleurs le fardeau des soins à donner à l'enfant en bas âge.

Quelles que soient les raisons de cet accroissement, on ne peut en tout cas fermer les yeux sur ce phénomène dont les conséquences poli- tiques, économiques et sociales ne peuvent échapper à personne. En effet, dans dix ans, si ce taux d'accroissement se maintient, l'Union soviétiste compterait 30 millions d'habitants de plus : une nouvelle grande puissance ! Si l’on transpose ce chiffre sur un empire de 450 mil- lions d'habitants comme l'empire britannique, l’aceroissement corres. pondant serait de 90 millions ; il serait de 24 pour l'empire français.

Mais cet accroissement pourrait être accidentel, provenir de cir- constances particulières. Évidemment cela est possible ; mais le phé- nomène actuel cadre trop bien avec toute l'histoire du peuple russe, pour qu'une telle explication puisse nous satisfaire, Il est un peu aven- tureux de remonter au delà du recensement de 1897. Cependant les chiffres des revisions, qui servaient principalement à établir l'assiette de l'impôt, donc visaient à une certaine exactitude, indiquent que l'empire des Tzars, qui comptait, en 1724, 13 millions d'habitants, en avait,en 1762, 19 millions ; en 1796, 36 millions; en 1815, 62 millions ; en 1851, 69 millions. Remarquons de suite que ces chiffres illustrent plutôt le développement politique de la puissance russe que le déve- loppement démographique à strictement parler, car une partie de l'accroissement, au cours des siècles passés, correspond à l'extension du territoire soumis à la dynastie des Romanov. Cependant il y a un rapport certain entre ce développement politique et le peuplement des territoires. La masse russe, d’abord concentrée dans l'Ouest et le Nord-Ouest, s'est peu à peu étalée vers le Sud-Est et l'Est. Les annexions occidentales ont certes un peu modifié la proportion de V'accroissement, mais sans la changer profondément.

Ainsi en deux siècles la population de l'empire russe a plus que décuplé, ce qui correspond à un accroissement annuel moyen de plus de 1 p. 100.