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L’ACTIVITÉ INDUSTRIELLE DE L’ALLEMAGNE

mission des Réparations[1], M. Gaston Leverve, Commissaire des Chemins de fer allemands, constate qu’à cette date le revenu annuel moyen d’un agent des chemins de fer est de 3 855 marks, au lieu de 2 110 en 1913 ; le traitement actuel équivaudrait donc à 183 p. 100 du traitement d’avant-guerre. Or, une somme de 100 marks avait, avant la guerre, à peu près le même pouvoir d’achat qu’une somme de 150 marks aujourd’hui. Le traitement d’un agent des chemins de fer a donc un pouvoir d’achat qui correspond à 121 p. 100 du traitement d’avant-guerre.

Il convient d’ailleurs de remarquer que, si pour les classes supérieures du personnel l’augmentation des traitements reste sensiblement en dessous de cette moyenne générale, elle la dépasse fortement pour les classes inférieures. Entraînée par une tendance naturelle aux démocraties nouvelles, la politique pratiquée jusqu’en 1920 tendait au nivellement des salaires par la base. Pour les ouvriers travaillant au chemin de fer, le prix de l’heure de travail a doublé. Avant la guerre, elle était payée 42 pf. en moyenne ; elle est rétribuée désormais à raison de 84 pf.. Pour un indice du prix de la vie de 150,7, le salaire d’une heure de travail équivaut, en pouvoir d’achat, à 192,5 p. 100 du salaire de 1913.

On pourrait, il est vrai, objecter qu’avant la guerre les salaires étaient assez bas dans les chemins de fer, en comparaison des autres branches de l’activité allemande ; l’administration utilisait l’absence de droit syndical et les aspirations bureaucratiques d’une partie des agents du chemin de fer, pour maintenir les salaires à un niveau peu élevé. Cette objection n’est pas valable pour les simples ouvriers travaillant au chemin de fer.

Elle l’est encore moins pour les mineurs, puisqu’au contraire leur rémunération se trouvait presque au sommet de la « pyramide des salaires » et marquait un maximum de rétribution du travail. Le piqueur de la Ruhr, qui, en 1913, gagne par jour 6 m. 92, gagne, en 1924, 7,51 ; en 1925, 8,50 ; en 1926, 9,14 ; en 1927. 9,76. Pour l’heure de travail, rétribuée, en mars 1924, 0 m. 60, il reçoit, en mai 1928, 1 m. 03. Le syndicat des houillères d’Essen affirme que, de 1024 à 1928, huit élévations de salaires ont accru de plus d’un milliard de marks les charges imposées aux charbonnages de la Ruhr.

L’Office de statistique constate qu’avec les salaires pratiqués depuis le printemps de 1928 — augmentation de 7 p. 100 environ — les travailleurs du sous-sol ont, par rapport à 1913, un salaire supérieur de 48,4 p. 100 et les travailleurs du jour de 72,9 p. 100.

Établissant une moyenne générale des salaires pour les grandes industries, l’Office de statistique estime que l’heure, payée 77,8 pf.

  1. Rapport no 7 du Commissaire des Chemins de fer allemands, Berlin, 1928.