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L’ACTIVITÉ INDUSTRIELLE DE L’ALLEMAGNE

Pour ces chiffres, particulièrement favorables, de 1926, importations réduites et exportations accrues, il faut tenir largement compte des effets du conflit minier britannique (mai-novembre) et des récoltes excellentes de l’année 1925-1926, qui ont apporté à la balance commerciale un allégement précieux.

Grâce surtout à l’afflux de crédits étrangers, le chômage était devenu très faible en 1925 : on ne secourt plus que 173 000 chômeurs en juillet 1925 ; mais il avait regagné du terrain en 1926. En mars 1926, il fallait secourir 1 942 000 chômeurs. Ce chiffre effroyable s’abaisse à 1 121 000 en mars 1927 ; à 340 000 en octobre 1927. Donc, en 1927, plus d’un million d’ouvriers ont retrouvé du travail. Toujours aigu l’hiver, le fléau se fait moins durement sentir au cours de l’hiver 1927-1928 qu’au cours des hivers précédents. Mais, tout en s’atténuant, le chômage demeure l’un des problèmes les plus graves en face desquels l’Allemagne reste placée depuis la stabilisation. Beaucoup d’économistes et d’industriels sont d’avis qu’il sévira de longues années encore. Déjà l’Allemagne d’avant-guerre comptait en moyenne 100 000 et, dans les périodes de dépression économique, 500 000 à 600 000 chômeurs. Or, la main-d’œuvre est beaucoup plus nombreuse qu’autrefois, le nombre des « sans-profession » s’étant considérablement réduit. Robert Friedlaender estime que, par rapport à 1913, l’Allemagne compte en plus 4 ou 5 millions d’Allemands qui doivent chercher à gagner leur vie[1].

III. — La hausse des salaires

L’année 1927 a été pour l’industrie allemande une année d’efforts, de succès, de relèvement ; toutes les statistiques en font foi. Si l’on se refuse à leur attribuer une valeur absolue, on ne peut méconnaître la

     janvier-juillet
      1923
     1924
     1925
     1926
     1927
     1928
    
    Importations 
    6,2 9,1 12,4 10,8 14,2 8,4
    Exportations 
    6,1 6,6 8,8 9,8 10,2 6,8
    Excédent des importations sur les exportations 
    0,1 2,5 3,6 0,2 4,8 1,6

    Avant de tirer de ce tableau des conclusions définitives, on notera une tendance générale des statistiques allemandes du commerce extérieur à surestimer les importations et à sous-estimer les exportations. Cette tendance, que reconnaissent les services compétents du Reich, ne suffit évidemment pas pour transformer en un excédent des exportations sur les importations la passivité de la balance commerciale. L’Office de statistique est d’avis qu’il convient de réduire la valeur des importations de 5 p. 100 pour 1925, de 3 p. 100 pour 1926, 1927 et 1928, et d’augmenter seulement de 1 et demi p. 100 la valeur des exportations pour cette période. Une loi du 27 mars 1928 prévoit, pour l’établissement de ces statistiques, des réformes de méthode qui doivent assurer à l’avenir plus d’exactitude.

    Pour les chiffres si défavorables de 1923, Il va sans dire qu’ils ne représentent qu’une indication, puisqu’il ne s’agissait alors, avec les fluctuations continuelles des prix et du change, que de marks dépréciés dont la valeur, sans cesse modifiée, devait être calculée encore par l’Office de statistique.

  1. Robert Friedlaender, Chronische Arbeitskrise, Berlin, 1926.