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ANNALES D’HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

rance des méthodes qui permettraient de diminuer le coût de la production. On l’accuse, souvent non sans injustice, d’avoir négligé les perfectionnements techniques pendant les années de dépréciation monétaire, d’avoir « sommeillé sur le canapé de l’inflation », en s’efforçant moins de développer la fabrication en série ou de renouveler les machines que d’agrandir les usines.

Le principe de la « rationalisation », qui domine dès lors le développement économique en Allemagne, donne aux groupements industriels une autre physionomie. Las de l’exploitation extensive des années d’inflation, le Reich entreprend systématiquement d’améliorer l’outillage industriel et de dissoudre les organismes déficitaires qui ne répondent plus aux besoins. Sous la pression des difficultés économiques, beaucoup d’entreprises coûteuses sont liquidées ou absorbées par d’autres. Avec une énergie farouche, les houillères de la Ruhr renvoient les deux cinquièmes de leur personnel. Non seulement les établissements industriels perfectionnent leurs installations techniques, leurs conditions d’exploitation, mais ils établissent la production sur de tout autres fondements. Inspirées de ces tendances, de larges concentrations s’opèrent pour une répartition judicieuse des fabrications : fusion des entreprises sidérurgiques rhénanes-westphaliennes, fondation de l’Union des Forges et Fonderies de Haute-Silésie, formation du trust de l’acier de l’Allemagne Centrale, trust de l’industrie chimique…

Les efforts considérables entrepris dans cette voie ne s’arrêtent pas aux frontières. Des perspectives nouvelles s’ouvrent. En bien des cas la rationalisation semble devoir se confondre avec un commencement d’internationalisation véritable. L’accord sur le cartel de l’acier est signé à Bruxelles le 30 septembre 1926 par les métallurgies d’Allemagne, de Belgique, de France, du Luxembourg et de la Sarre ; il répartit entre elles la production atteinte durant le premier trimestre de 1926 et fixe le pourcentage des participations pour la production supplémentaire, L’accord sur la potasse est conclu le 29 décembre 1926 entre le Kalisyndikat et la représentation qualifiée de la production française ; la France et l’Allemagne s’interdisent réciproquement toute exportation à destination des territoires de leur souveraineté ; les conditions de répartition des ventes à l’exportation sont fixées.

La réorganisation industrielle, inaugurée en 1925, semble vite devoir prendre une ampleur qui peut entraîner la modification complète des conditions générales de la production. L’industrie se reconstitue rapidement. Son relèvement se manifeste à partir de 1926. L’arrêt du travail dans les houillères anglaises y contribue puissamment en procurant à l’Allemagne des débouchés exceptionnels. Par des progrès constants, l’activité économique devient intense et, en 1927, atteint un niveau élevé dans presque toutes les branches de