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bien, une bonne fois, examiner en dehors de toutes autres passions, moins inoffensives, — doive être tenue pour définitivement résolue. — M. B.

(Annali del Seminario Giuridico Economico della R. Università di Bari, &. 1, fase. 2, 1927 ; tirage à part, Bari, Cressati, in-8, 22 p.)

Économie française : monographies géographiques.

C'est un tout petit pays que cette Uôtière orientale de la Dombes, à laquelle Mr Gronces CHaor vient de consacrer une fine et précise étude: : étirée du Nord au Sud, une bande d'une vingtaine de kilomètres de long, sur deux à trois de large ; aux époques les plus favorables, sept à huit milliers d'habitants. Pourtant ses caractères proprement géographiques et le genre de vie particulier qui s’y est développé lui ont assuré longtemps une indivi- dualité très nette. Pour axe, une côte, favorable aux vignobles, et, au bas de la pente, une route qui unit les villages, les mêle à une vie de relation intense (car cette route est celle qui va de Lyon à Genève), et surtout les xelie à un grand centre urbain : Lyon. Mais ni le vignoble ni les apports de la route ne suffisent ou, du moins, n'auraient suffi, autrefois, au paysan. Il lui fallait des champs de céréales et des pâturages. Ici, il trouvait les premiers sur le plateau de Dombes; la plaine de l’Ain, au pied de la côte, avec ses « brot- eaux» caillouteux et sableux, lui fournissait les seconds. Dans ce cadre, une économie, marquée de traits originaux, nous apparaît fortement constituée dans la première moitié du x1x® siècle. Le cultivateur est un petit exploitant ; la variété des produits qu'il récolte — mais chacun, en faible quantité — l'amène à vivre sur lui-même ; il consomme son blé, boit son vin ; c'est tout juste s'il vend quelques pièces de sa vendange ou porte aux marchés voisins quelques œufs et quelques laitages. Mais, à partir de 1850, une grande trans- formation s'amorce. D'abord, la construction de la voie ferrée, à l'Est de l'Ain, assez loin de la Côte, réduit à peu de choses l'ancien trafic routier ; en même temps, le développement de l’agglomération lyonnaise commence à soutirer au pays une partie de sa population. D'ailleurs, — aubergistes à part, qu’atteint la décadence de la route — les paysans restés au village vivent plus largement que par le passé ; ils continuent à ne vendre guère que leur superflu — lait, œufs, volailles —, mais ils le vendent désormais à des inter- médiaires, qui ravitaillent Lyon, et ils obtiennent de meilleurs prix qu'autre- fois. Vient enfin, après 1900, et surtout depuis la guerre, l'ère de l'auto, qui coïncide avec un nouvel essor de l'industrie lyonnaise. La grande ville voisine fait sentir de toutes parts son action, dans la Côtière. Les Lyonnais passent sur la route, qui a repris vie ; parfois ils villégiaturent. Non seulement la Côtière contribue de plus en plus à l'approvisionnement de Lyon ; mais elle s’y approvisionne elle-même en produits de toute sorte. Première brèche dans l’ancienne économie fermée. 11 en est d’autres. Le paysan, au lieu de faire moudre son blé au petit moulin local de jadis, l'envoie maintenant à la mino- terie ; il ne mange donc plus le pain de sa propre farine ; par la-même, il se







4. La Célière orientale de la Dombes et l'influence de Lyon, Paris, les Presses Modernes, 1927, ins, 87 p., 2 DL, 1 carte hors texte. �