Page:Annales d’histoire économique et sociale - Tome 1 - 1929.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

HISTOIRE URBAINE 123

démographie urbaine médiévale ?. L'auteur a étudié le droit des bourgeois et l'immigration rurale à Metz au XIHI* siècle, exactement de 1299 à 1242 et de 1286 à 1290, grâce à des documents que M. Prost a légués à la Bibliothèque na- tionale. Ils donnent la liste des individus «receus por manants » à Metz et ayant, lors de la réception, prêté le serment de « feautei» au Mawistrat. Les admis sont, pour les deux périodes successives, 334 et 458. Aux xon et xrve siècles, le terme de manant est, sans aucun doute, synonyme de celui de bourgeois, bien que, dès la fin de la première période, il se complète régulièrement de l'expression de « bourgeois » d'abord, puis de celle de « citains, qui triomphera d’une façon définitive. L'emploi exclusif du vocable de manant permet de supposer qu’au début le droit de bourgeoisie était lié obligatoirement à la résidence dans la ville. En effet, de 1239 à 1242, tous les nouveaux bour- geois doivent être des immigrants, auxquels le séjour maximum d’un an dans la ville a imposé l'obligation d'en devenir membres juridiques. Au contraire, en 1286-1290, plusieurs habitants de Metz y sont tolérés, même longtemps, comme simples forains, avant d'entrer, s'ils le désirent, dans la communauté. D'une date à l’autre, le vieux principe imposant à Lout habitant cette affi- liation avait done perdu de sa rigueur primitive. On ignore d'ailleurs, au xmé siècle, les conditions de l'admission à la bourgeoisie ; à l'époque suivante, elles sont assez difficiles.

D'autre part, les textes de M. Perrin montrent un courant d'immigration vers Metz et un effort du corps municipal pour incorporer les non-bourgeois aux bourgeois, peut-être dans un intérêt fiscal. Le lieu d'origine des bourgeois n'est pas toujours donné (597 fois sur 816) ; néanmoins, on obtient un total de 100 localités d'émigration. Mais il est difficile de toujours arriver, pour ces dernières, à un résultat précis : certains noms de lieux ne peuvent être identi- fiés, d’autres ne comportent qu'une identification douteuse, d'autres enfin en présentent plusieurs possibles. On peut cependant déduire quelques conclu- sions. Dans les deux périodes considérées, la zone d'émigration est demeur la même ; la même localité fournit rarement plusicurs émigrants et il serait exagéré de parler de centres de départ. Dans l'ensemble, il ÿ a d'abord une forte zone d’émigration voisine de nature rurale, dans laquelle la densité d'envoi de chaque région particuiière parait être, en moyenne, proportionnée à sa population ; vient ensuite une zone pauvre, excentrique, composée d’une cinquantaine de loca’ Lés réparties sur un très vaste territoire s'étendant jusqu’à Arras, Pari Jontpellier et Asti et où chaque agglomération d'envoi n'a fourni, en gén 1, qu'un unique émigrant ; cependant, de 1286 à 1990, Luxembourg en ane huit. Le milieu rapproché des campagnes s'oppose ainsi, et naturell. ment, aux villes éloignées isolées. Pour ce premier point, le phénomène commun le plus important est done l'absence de centres d'émi- gration intense. Quant aux causes de départ spéciales à chaque localité, elles ne peuvent être, en Lhèse générale, que de deux sortes : le métier de l’émi- grant, les facilités qui lui sont accordées pour gagner la ville, mais on ne sau- rail les préciser en détail. Enfin, par rapport à la population totale de Metz, le nombre des immigrants devait en être la centième partie. En somme, Metz














1. Annuaire de La Société d'Histoire el d'Archéologie de la Lorraine, £. X XX [1921] et XX XII, 492%, — Tir, à part, Bar-le-bue, impr, Contant-Laguerre, 162, tn-8n, 192 pa une carte.