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110 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

dans la ville et deviendront les banquiers des Plantagenets 1. Ce développe- ment de population et de richesse entraîne naturellement des désirs d'éman- cipation qui, en raison d’un pouvoir supérieur extrêmement fort, ne pourront se realiser que graduellement et lentement depuis le dernier quart du xre siècle. C'est d'abord, de 1082 à 1126 environ, dans un but de colonisation et de peu- plement, l'octroi par les comtes de simples franchises judiciaires et civiles sans droits politiques ni administratifs ; puis, après une révolte, la procla- mation de la commune et sa suppression par Louis VII en 1138, c'est, à partir de 4169-1178, pour des motifs politiques, la concession réelle d'une commune par les rois de France et d'Angleterre et, en 1204-1216, l'octroi d'un «statut égal»? définitif à la ville par Philippe-Auguste. Ces chartes successives ne lui «accordent pas l'indépendance politique »%, mais celles réalisent une ingénieuse répartition des pouvoirs dans l'administration municipale », par- ticulièrement en ce qui touche la jus son plus haut degré de développement, surtout en raison de l'activité com- merciale : les foires se développent encore et, en 1285, on crée un port sur le Clain. Les métiers, de leur côté, s'organisent, même en «communautés jurées »: tels les bouchers, par exemple

Viennent, en second lieu, 277 pièces justificatives, qui commencent en 4063, à partir de 1082 intéressent les bourgs de la ville, et, depuis le xn° siècle, se rapportent toujours plus ou moinsi directement à la commune. Ces documents sont très variés : lettres de toute origine et de toute nature, éma- nées des rois, de leurs agents, des comtes, de l'Église, de la ville, chartes de communes, mandements, privilèges divers concédés à la cité ou à des partieu- liers, rôles judiciaires et jugements ou règlements de métiers de provenance urbaine, actes d'origine privée. Les pièces sont, le plus souvent, publiées intégralement. Pourtant, lorsqu'elles ne sont pas inédites, elles sont parfois simplement indiquées. Sont-elles perdues ? on en donne l'analyse. M. Audouin y a joint des notes qui portent sur les points les plus divers de la constitu- tion et de l'interprétation des documents et, lorsque ceux-ci sont longs, s'intercalent au cours même des textes, qu'elles divisent en parties succes- sives.

L'histoire du Poitou est, depuis longtemps, trop familière à M. Boisson nade, elle est trop «sa chose», pour qu'un mémoire de lui sur la vie urbaine de la capitale de cette région ne nous en offre pas un tableau précis, original et complet, bref, des plus instructifs. Peut-être, dans la partie économique, n'eût-il pas été inutile de distinguer plus nettement l'économie locale des économies nationale et internationale, la petite de la grande industrie, le commerce urbain de celui d'échanges, bref, l'économie, qui fonctionne à Poitiers comme dans un domaine fermé, de celle qui s’y développe comme dans un marché ouvert : c’est la seconde qui a formé la ville. Mais les pages de M. Boissonnade sur les origines du mouvement communal font de son travail une contribution d’une réelle utilité générale à l'étude de ce grand








4. P, xxx, CE, sur le rôle personnel des marchands à l'origine du mouvement urbain, PmENXE, Les anciennes démocraties des Pays-Bas, p. 34, 155-156 ; Les villes, p. 134, 194.

2 P. KAXVUR,

3. rod.

4. Eu ce sens, certains actes concernant plutôt la ville en général : n° 30, 39, 50 par exemple, comme l'indique d'ailleurs le titre du recueil. �