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PORTS D'AUJOURD'HUI ET D'AUTREFOIS 95

d'une ville, ni d'une région, ni même d'un grand pays — mais de la vie éco- nomique du monde entier, dont les moindres pulsations transmises de proche en proche viennent se répercuter, de façons d’ailleurs très diverses, dans In vie de ces grands organismes, à la fois autonomes et dépendants, que sont les ports modernes.


On trouvera, dans le livre de M. Byé, plusieurs motifs d'intérêt puissants. Et d'abord, une étude fort attentive des formes que revêt actuellement l'ac- tivité génoise. Un historique le précède, beaucoup trop sommaire, partant sans valeur : mieux aurait valu le supprimer Lout à fait’. Mais sitôt arrivé à l'époque toute contemporaine, M. Byé reprend ses avantages. Tout ce qi dit des conditions de développement qu'offraient respectivement à Gênes et à Marseille le site géographique, la position, le tracé des voies naturelles, l'abondance ou la pénurie des ressources minérales, est excellent, Aucun fatalisme géographique n'est invoqué ici, témérairement, par un auteur qui sait dans quelles relations d’interdépendance se trouvent les faits naturels et les faits économiques lorsqu'il s’agit de ces créations compliquées de nos civilisations modernes où nul ne peut plus se flatter d'atteindre le «naturel» par élimination complète de L'« humain». Et le contraste que présentent les deux ports méditerranéens ressort, frappant, des chiffres que fournit, et qu'interprète avec sagacité, M. Byé

D'un côté, un port, Gênes, fait par les hommes, Une ville coincée entre des montagnes assez raides et la mer. De médiocres communications avec un arrière-pays dépourvu de combustible et qui demande dès lors au port voisin d’être sa mine de houille. Sur les quais, des montagnes de charbon, de coke, d'anthracite : 3 p. 100 du combustible minéral importé par tous les ports d'Italie , 3 112 000 tonnes au total en 1925, soit près de la moitié du trafie total de Gênes à cette date (8 248 800 tonnes) ; en 1927, 2 837 870 tonnes sur 7 629 600 tonnes au total. Des exportalions alteignant à peine le sixième des importations : 6 720 500 tonnes en 1925 contre 950 000 ; 6 192 13€ en 1996 , contre 900 900 ; 6 265 250 en 1927, contre 1 36% 350. À côté de la houille, 50 p. 100 des céréales entrant en Ltalie et que réclament notamment. les usines de pâtes lombardes et piémontaises ou, par delà, suisses ; du colon ensuite, des Jaines, de la viande, beaucoup de mélaux réclimés eux aussi par une industrie mal dotée. Enfin, peu de voyageurs relativement, malgré de beaux efforts et l'appoint des émigrants. En 1125, 136 000 embar- qués ou débarqués ; en 1926, 149 500 ; en 1927, 137 900 ; c'est peu, en face des 1 255 600 voyageurs de Naples en 192, ou des 1 465 800 de Trieste. — Au total, un port dont la fonction régionale où de transit l'emporte, et de beaucoup, sur les fonctions industrielle et commerciale.

Marseille, par contre : un vieux port naturel, une calanque profonde et privilégiée qu'entoure une cité pourvue, à convenable distance, de larges espaces propices à l'installation d'usines modernes. Des communications plus libres, sans qu'elles soient excellentes, avec des régions industrielles qui ne


















4. It existe cependant un ivre utile sur le passé de Gênes : Franc. Poneeta, 1 porte di Genova, dalle origin fino alla eaduta della republiea Genonese (1797), 1943. �