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LOUIS BOUILHET

Lui, poète ! allons donc !… Que me chantez-vous là !
Moi qui l’ai vu, chez nous, pas plus haut que cela !
Comment ?… qu’a-t-il en lui qui passe l’ordinaire ?…
C’est un écervelé ! C’est un visionnaire !
C’est un simple idiot, et je vous réponds, moi,
Qu’il fera le commerce ou qu’il dira pourquoi !…

M. Léon doit épouser Mlle Alice Dufernay ; mais tant que notre jeune poëte n’aura pas abandonné la Muse pour le grand livre et les échantillons, le mariage n’aura pas lieu. En attendant, Popin, un ami de la maison, introduit chez Rousset Gaudrier, un jeune notaire, à la recherche d’une dot pour finir de payer son étude. La fille de M. Rousset, Clara, ne lui déplairait point trop. Autant elle qu’une autre.

Popin
Et Clara, la trouvez-vous jolie ?
Gaudrier, froidement

Pas mal.

Popin

Pas mal.Avez-vous là, comme on dit, de l’amour ?

Gaudrier

Sa dot ?

Popin

Sa dot ?Oh ! oui, pardon. Chaque chose à son tour.

Gaudrier, gravement

Je me pose avant tout sur un terrain solide…

Popin

Et vous avez raison !

Gaudrier

Et vous avez raison !J’aime après…

Avec de pareilles dispositions chez son futur mari, Clara, une petite personne positive, qui déteste tous les arts d’agrément, sera-t-elle heureuse en ménage ? Rousset s’inquiète peu de ce point ; mais exaspéré de ce que son fils a fait insérer une pièce de vers dans un