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Les prétentions des sœurs étaient modestes. Elles se contentaient d’une maison avec un jardin et d’un mobilier dont la valeur ne dépassait pas 600 livres. La dotation était de 200 livres, mais comme elle consistait souvent en immeubles, elle représentait un capital considérable et qui le fût devenu beaucoup plus dans la suite. Les sœurs n’allaient jamais seules, mais rarement elles étaient plus de deux. Elles prenaient quelques pensionnaires, et se créaient même des ressources par leur travail. Mais la classe était toujours gratuite, même pour les riches dans certaines fondations. L’exemption du sel et de la taille leur était toujours accordée par les collecteurs, et la sœur Fussot, n’étant encore que supérieure de la maison de Lassay, fit juger en sa faveur un procès dont les conclusions avaient une portée générale pour l’Ordre.

Tous ces préliminaires réglés, la paroisse pétitionnaire envoyait à la Chapelle-au-Riboul des chevaux pour les sœurs et leurs guides, et, à travers des chemins toujours mal entretenus, la petite caravane s’en allait d’étape en étape, s’arrêtant dans les maisons déjà fondées, au lieu de sa destination. La congrégation ne pouvait accepter de fondations en dehors du diocèse da Mans ; mais dans ces limites, elle eut vite des établissements dans toutes les régions de ce vaste territoire. Chaque année, les religieuses dispersées rentraient pour une retraite de dix jours à la maison-mère.

Suivons maintenant dans l’ordre chronologique l’histoire des fondations, avouant que toutes ne sont pas connues et que beaucoup même dont l’existence est constatée ne nous ont pas révélé leur acte d’origine.

La Mère Tulard seule fonda plus de trente établissements. Aucune des autres supérieures n’atteignit ce chiffre. Après la première fondation de la Chapelle-au-Riboul qu’on peut attribuer à l’année 1679, la plus ancienne dont on connaisse la date précise est celle de Luché, en 1690. Saint-Samson, où la