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riche parti, M. Pierre Tulard, notaire royal, et frère du curé de la Chapelle-au-Riboul. Malgré des recherches soigneuses dans les registres de plusieurs paroisses, je n’ai pu trouver cet acte de mariage. Cela tiendrait-il au mécontentement de la famille Tulard, partagé par le curé de la Chapelle, qui n’aurait pas permis d’inscrire sur ses registres un mariage qu’il voyait d’un mauvais œil ? Madame Tulard, pendant les six ans que dura son union, fut heureuse par l’affection de son mari, par sa soumission à la volonté de Dieu et par le fidèle accomplissement de ses devoirs d’épouse. À vingt-cinq ans elle resta veuve et sans enfants. Le premier usage qu’elle fit de sa liberté fut de consacrer son temps à instruire les enfants de la campagne. Sans grandes ressources, « son zèle lui procura une école qui devint si nombreuse que, ne pouvant suffire seule, elle s’associa de pieuses filles qui se crurent heureuses de partager ses soins et ses mérites ». Puis bientôt, craignant qu’une œuvre où elle se portait par son propre choix ne fût pas assez parfaite et assez durable, elle reprit son premier dessein de se renfermer dans le cloître. Mais au moment où elle ne songeait qu’à devenir religieuse comme toute autre, Dieu la choisit pour être fondatrice. M. Tulard, témoin des vertus de la jeune veuve, et inspiré par la vue du bien qu’elle produisait déjà, revint de ses préventions de famille. Il entra en relation avec elle, connut ses dispositions intérieures, et eut la confiance d’entreprendre avec son aide, dans une paroisse rurale, une fondation semblable à celles dont lui donnaient l’exemple les villes de Laval, Craon, Le Mans et Angers, car le même besoin se faisait partout sentir. De l’entente de ces deux âmes est sorti un nouvel institut consacré à l’instruction des jeunes filles et au soulagement des pauvres malades.

Madame Tulard se laissa guider docilement « et, sur la parole de M. Tulard, elle partit pour Saint-Vincent du Mans, afin d’y apprendre à tenir les petites écoles. De là, elle passa à