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de peine ; bien loin de là, cet excellent motif aura une force merveilleuse pour les soutenir et pour leur adoucir les peines de leur état ».

Les bienfaiteurs avaient particulièrement senti l’influence qu’une bonne éducation des jeunes filles pouvait avoir sur la société. « Le plus grand fruit de tous ces établissements, dit-on, est de bien élever les petites filles dans la crainte et l’amour de Dieu d’autant qu’ayant été bien élevées, elles ont soin dans la suite de bien élever les enfants qui dépendent d’elles, en sorte que c’est comme une semence de bien qui se perpétue, et dont on ressent les effets au moins très longtemps dans les familles. » (Art. Laval). Le curé de Saint-Léger est guidé par le même motif, « connaissant, par une longue expérience, l’utilité des petites écoles, surtout pour les filles de la campagne, qui, dans la suite, devenues mères et sédentaires par leur état, peuvent avec ce secours salutaire inspirer et maintenir au milieu de leur famille les sentiments de religion qu’elles y ont puisés dans leur jeunesse. »

Pour terminer ces citations qu’on pourrait prolonger sans fin, je ne connais rien de si touchant que l’acte de cette femme de Villaines qui, ayant perdu tous ses enfants en moins de quinze jours dans la peste de 1584, donne son bien pour les écoles, afin que, n’ayant plus « proche personne à qui s’y recommander et faire prier pour elle, » elle ait au moins la prière des maîtres et des écoliers.

Toutes les fondations connues, de quelque part qu’elles viennent, partent de la même inspiration et se préoccupent d’abord des bienfaits surnaturels et moraux que peut procurer l’école chrétiennement gouvernée. Il devrait être inutile de faire ressortir la supériorité d’un pareil système où l’instruction et l’enseignement viennent à leur place après le point essentiel qui est la bonne éducation. Si donc l’un des derniers rapports officiels ne se trompait pas, en affirmant que l’enseignement de