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cieuses sur la société de son temps et surtout sur les idées morales, sur les conceptions sociales de son époque.

Ce poème renferme des considérations générales sur la courtoisie, l’honneur, la vaillance, la générosité, les belles manières, en un mot sur l’ensemble des qualités qui font à ses yeux et aux yeux de ses contemporains l’homme parfait. Cet homme ne peut se rencontrer que dans les trois classes suivantes, les bourgeois, les clercs et les chevaliers.

Arnaut de Mareuil reconnaît aux bourgeois de son temps toutes sortes de qualités : il en est de vaillants, de courtois, d’aimables ; ils savent se présenter dans les cours, connaissent l’art de courtiser les dames, savent danser et dire des choses aimables.

Les clercs ont plusieurs manières de se distinguer : par leurs sentiments religieux, sans doute, mais aussi par la courtoisie, par la bonté, par les belles actions et par leur talent de parole.

Quant aux qualités qui conviennent aux chevaliers, elles sont assez variées ; la vaillance, la courtoisie, les manières aimables, la générosité, la fidélité à servir le suzerain en sont les principales ; l’ensemble de ces qualités et de quelques autres encore formerait assez bien l’idéal du parfait « honnête homme » du temps. Idéal assez relevé par certains côtés, mais où les belles manières, les petits talents de société tiennent trop de place à côté des plus hautes vertus. Une autre qualité y occupait une place éminente : c’était l’art de donner, de faire des libéralités, des