Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

I


Me voici sur les monts aux flancs étincelants,
Où la neige d’argent étage ses terrasses
Dans l’air de bleu cristal, où les glaciers croulants
Entr’ouvrent les azurs pâles de leurs crevasses ;

Vous fleurissez ici, dryades, pavots blancs,
Gentianes, daphnés, saxifrages tenaces,
Soldanelles, safrans, doux cyclamens tremblants,
Renoncules d’or clair, astrances, androsaces !

O virginales fleurs alpestres, chastes fleurs,
Qui vivez dans le roc de neige et de lumière,
Qui faites du reflet des glaciers vos couleurs,

Ou des plus hauts rayons dont le monde s’éclaire,
Allez, et portez-lui dans vos faibles senteurs
L’âme pure qui rêve au sommet de la terre !