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III


La mer d’un bleu plus froid est déjà sans soleil,
Mais tous ses caps rougis en sont encor frappés,
Et prolongent au loin, dans un éclat pareil,
Leurs profils successifs nettement découpés ;

Quelques hauts rochers gris en îlot attroupés,
Assombris à leur pied, ont leur sommet vermeil ;
Et, là-bas, deux voiliers très blancs passent trempés
D’une lumière molle ; on sent que le sommeil

S’élève dans les airs naguère étincelants ;
Les derniers batelets gagnent, en faisant rame.
Le port où çà et là quelque vitre s’enflamme ;

Par le sable désert nous rentrons à pas lents,
Et nous sentons finir et s’éteindre en notre âme
Ce beau jour qui se meurt sur les flots nonchalants.