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XLVI

 
Si mon amour n’est point l’amour que tu rêvais,
S’il a failli d’atteindre au faîte de ce rêve,
Si ton souhait de cœur par dessus lui s’achève,
S’il n’est point le rayon des jours bons ou mauvais.,

S’il n’enveloppe point l’horizon de tes vœux,
S’il reste, dans son cercle immense de tendresse,
Un seul point entr’ouvert par lequel apparaisse
Un azur plus lointain où t’entraînent tes yeux ;

Dis-le ! je jetterai de ma main le poème,
Et je m’en irai, par un sentier sans retour,
Portant, dans cet exil que son poids fera court,

La consolation et la fierté suprême
De t’avoir, en partant, montré que mon amour
Etait digne d’aimer comme tu veux qu’on aime.