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XXXIV


Viens chercher sur mon sein le calme du sommeil.
Chère âme fatiguée, endolorie et triste ;
Je veux que, pour ton cœur, ce repos soit pareil
Au lac limpide et large où le chevreuil dépiste,

À l’abri des rayons dangereux du soleil,
La meute dont l’écho derrière lui persiste.
Viens dormir dans mes bras, afin qu’à ton réveil
Les sombres souvenirs, ayant perdu ta piste.

Se dispersent grondants comme des chiens déçus ;
Et toi-même, oubliant leur clameur et ta fuite,
Ne te souviendras d’eux que pour t’avoir conduite

Vers des lieux autrement restés inaperçus.
Car t’aurais-je jamais, sans leur âpre poursuite,
Donné les longs baisers que ton front a reçus ?