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V


 
Avant que les rayons ne blanchissent les voiles
Des vaisseaux, sur la mer où l’ombre flotte encore,
Dans les cieux pâlissants où meurent les étoiles,
Tout défaille à l’instant qui précède l’aurore ;

Les astres, qui paraient la nuit de leurs figures,
Se sont évanouis, et la lune elle-même,
Brillante au milieu d’eux dans les heures obscures,
Solitaire à présent, comme un fantôme blême

Expire, se dissout dans la pâleur livide
Et froide qui s’étend sur le firmament vide.
Mais ce n’est que l’angoisse et le spasme du jour :

Au premier battement du vaste cœur du monde,
L’air tressaille, la vie éclate, et tout s’inonde
Du flot irrésistible et rose de l’amour.