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IV




Je brave tes efforts et ton courroux acerbe,
Amour, ô dur bourreau des humaines poitrines !
Je veux voir tout mon sang couler et teindre l’herbe,
Et sentir dans mon front s’enfoncer les épines ;

Mes lèvres garderont leur indomptable verbe
Quand mes pieds rougiront les roches des collines ;
Et mon cœur restera rayonnant et superbe
Dans mes flancs frémissants percés de javelines.

La meute des tourments me suive et me harasse,
Mon sourire luira dans le sang de ma face !
Je le brave, sachant, hors de la défaillance,
 
Mon pouvoir de souffrir plus fort que ta souffrance,
Mon pouvoir d’espérer plus fort que ta menace,
Et mon pouvoir d’aimer plus fort que l’espérance !