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II




D’où vient, dans cette ville étroite, au ciel obscur,
Qui vit dans ses marais au fond de noires plaines,
Cette beauté puissante et digne de l’azur
Où passaient les profils augustes des Romaines ?

Elle aurait dû marcher, d’un pas tranquille et sûr,
Sous la robe aux plis droits, le front ceint de verveines,
Dans les cortèges blancs déroulés sur le mur
D’un temple couronné de déesses sereines.

Quel flot inexplicable et quels hasards de races
Ont porté, à travers les temps et les espaces,
Chez ces peuples aux corps chétifs, aux pâles faces,

Cette fleur de sang pur et ce corps magnifique,
Et mis dans ces cités de mortier et de brique
Ce marbre détaché d’un bas-relief antique ?