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Nous voici seuls tous deux dans l’église déserte ;
Nous nous sommes glissés, comme des malfaiteurs,
Par le portail obscur et la porte entr’ouverte,
Dans l’ombre, où les vitraux éteignent leurs lueurs.

Tu as voulu que ta détresse fût soufferte,
Ton bonheur immolé, ton cœur brisé, tes pleurs
Versés comme un parfum, ton agonie offerte,
Là même où tu pensais monter parmi les fleurs.

Que tout soit fait selon tes vœux, ô bien aimée !
Mais, avant que devant ton Dieu soit consommée
L’offrande d’un amour qui consent à mourir

Quand il sait qu’il aurait défié les déclins,
Va jeter, en pleurant, au tronc des orphelins
Les anneaux d’or sacrés qui devaient nous unir.