Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée

blancz qu’albastre, et descouvrant de beaux bras nudz et charnuz de vive blancheur, monstrant un poictrail relevé de deux pommes d’yvoire ou tetins de mesme couleur et fermeté, sa teste negligemment coifée d’un bel et blanc couvrechef de fine toile transparente, au travers de laquelle on povoit veoir ses cheveux aureins, d’ond une partie detressée luy battoit sur le col et les espaules, et un touppet retortillé et crespelu luy descendoit ondoyant sur les yeux clairs comme deux pieces d’argent nouvellement forgées, et neantmoins encore aucunement aggravez du passé sommeil et pource semblans estre batuz d’amour, d’ond ilz avoient plus de grace, Mammon de son embuscade voyant telle divinité humaine, à pene se peut il contenir et differer ses joyes qu’il ne l’allast tout de ce pas embracer. Mais toutesfois amour, qui en ses premiers mouvemens n’est jamais sans crainte, le luy defendit et le retint jusques à tant que Thanaise, sans l’appercevoir, fut parvenue à la fontaine, où, ainsi qu’elle remiroit en la reverberante clarté de l’eau la fleur de sa belle jeunesse, apprestant de se laver les yeux, les mains et la vermeille bouche, soubdain