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bien avoit son coeur ailleurs, rejectoit tous ses presens et refusoit ses offres, fuyoit sa rencontre et ne vouloit escouter ses imperieuses parolles, comme celle qui le hayssoit autant comme il la desiroit, tant pour son improbité et disgracieux maintien, que pour sa laidure desplaisante. Parquoy un jour fut outreement pressée de luy, voire jusques à la vouloir forcer en un jardin où il l’avoit espiée. Car il avoit esté averti par une sienne esclave moresque qu’elle estoit costumiere tous les matins au sortir du lict s’en aller à demi vestue et à cheveux espars en ce jardin prendre l’air, se refreschir et laver mains et visage en la fontaine argentine qui ruysseloit dans le jardin. Et pource, pour quelque present d’argent et promesse de rachapt et affranchissement de la serve moresquine, il fut une nuyct mis par elle dans le jardin, où il se cacha dans une espesse coudroie jusque au matin, à l’heure que sa desirée Thanaise devoit venir ; laquelle, selon sa costume, n’y faillit pas. Luy, de son embusche voyant venir ceste tant belle et jeune creature, affublée seullement d’une simple cotte legiere de satin colombin, abbatant la rosée à piedz nudz plus