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ble revelation d’un Calodaimon à moy familier, qui en toutes choses me assiste et souvent ravit mon propre esprit hors de mon ame et de mon corps, en lieux estranges et loingtains, luy monstrant choses merveilleuses que nul autre ne pourroit racompter s’il n’y avoit esté present, desquelles estant retourné à moymesme, j’avoie bonne souvenance et en rapportoie ce que en estoit puys après trouvé veritable. D’ond m’advint un jour que estant au pied de celle tour, contemplant en admiration la merveilleuse fabricque d’icelle, et ratiocinant que selon la hauteur tant ardue estoit necessaire un bastant fondement de terrible profondeur, donc estant quasi assommé en telle consyderation, voici que de la partie du ciel descendit volant vers moy un oyseau de blanc plumage, ayant le bec et les piedz rouges comme beau coral, et les yeulx de couleur de feu, flamboyans en lustre de deux escarboucles, qui par maniere de me baiser, me vint mettre le bec en bouche, et ainsi me becquetant, par une certaine vertu occulte tira mon esprit à soy, le corps ce pendant laissé vivant, spirant et animant comme en ectase. Puys m’ayant ainsi en esprit elevé jusques à la mo-