Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

situde, car, comme dict le vieil proverbe,



Compaing par voie bien parlant
Vault bien un chariot branlant.


Ha, compaignon vieux (dist le Franc-Gal), je sens desjà en moy estre vray ce que tu dis. Car tes humaines parolles me invitent d’alleger le coeur, en desgorgeant le souvenir de mes diverses adventures tant bonnes que mauvaises, et les deliberations presentes, et les douces conceptions de mes esperances à l’avenir, qui entre autres choses me promettent de toy confort et conseil. Et pource je prendray à ceste heure autant de solacieux plaisir à toutes mes fortunes te discourir, comme tu as eu curieux desir à t’en enquerir. Or en allant tout le simple pas, escoute donc attentivement, et tu orras merveilles. Or compte donc paisiblement (dist l’Archier) et je te presteray les oreilles. Adonc le Franc-Gal despoilla son paludament de pourpre accollant à un large fermail d’or, enrichi d’un gros saphir celeste, et osta son escu du col, portant d’azur à un Soleil d’or, et son heaume de la teste, d’ond il avoit seullement levé la visiere, baillant le tout à son escuyer qui le suyvoit, jeune et puissant homme, nommé Oplophor.