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feu qui jadis nous a soustenuz vistes et alaigres, et maintenant allons gravement et à pesans pas, la longueur du temps et du chemin suffira assez à toy pour racompter, et à moy pour escouter tes fortunes, desquelles (ainsi Dieu m’ayme !) j’ay avec toy condoleance et compassion. Car estant homme, je n’estime rien humain estre à moy rien n’attouchant. Je te regracie de ton humanité (respondit le Franc-Gal), mais autant que ta condoleance m’est consolatoire, la commemoracion m’en seroit douloureuse. Parquoy mieux me vault soubz silence presser en coeur transi profonde douleur. Non, non (dist l’Archier) ! Ainsi ne te fault faire, ains au contraire soulager ton coeur par communication de ton grief à celluy qui sans en sentir charge t’en allegera de la moytié, et paraventure du tout. Et pource, descharge ton corps de tes armes et paludament, que tu bailleras à ton escuyer, et ton coeur de tes passions, que tu communiqueras à moy estrangier, mais neantmoins homme ; et par ainsi feras à toy plaisir et à moy accompliras mon desir, et toy racomptant, moy escoutant, abregerons la longueur du chemin et en perdrons le sentiment de las-