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Devis des deux vieillardz, l’Archier et le Franc-Gal, tenuz sur le chemin en allant ensemble à la cité d’Orbe. Chapitre VI.



« O estrangier, mon ami (dist le bon viellard Archier), tu parles tant obscurement, et tes propos sont tellement entrerompuz par sanglotz destomacquez, par souspirs du profond tirez et par surtaisances soubdaines, avec confusion et meslange de propheties, fatalitez, oracles et miracles, que je ne puys bonnement entendre le discours de ta loingtaine et vagante peregrination, cerchant ton filz, que tu nommes Alector, emporté (s’il est croyable) par les vens, si tu ne me ramenes en compte les commencemens et premieres causes de toute l’adventure, et quand, en quel lieu et comment tu perdis ton filz, quel il estoit, et de toy aussi, qui tu es, de quelle gent et qualité ? Car selon mon jugement, tu ne me sembles estre homme de condition servile ne villaine, mais gentilhomme franc et libre, comme bien le me as donné à cognoistre à la premiere rencontre de nous deux. Pource je te prie par ta franchise ne desdaigner à me racompter la fortune de toy et de ton cher