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roit incontinent englouti par le treshorrible serpent, qui de son seul sifflement veneneux tuoit les personnes qu’il approchoit. Alector d’autre part, se confiant en sa hardyesse, legiereté et proesse, ne demandoit sinon que le tiers jour fust venu, et souvent enqueroit si son escu et son espée estoient sauves. A quoy luy fut respondu qu’il ne s’en souciast, et que le jour du combat on les luy mettroit entre les mains. D’ond à merveilles resjouy, remercia le Potentat de sa clemence, au grand esbahissement de tous, qui s’estonnoient de le voir ainsi asseuré en si mortel et prochain peril. Puys par commandement, se retira au logis du capitaine Palatin, qui l’avoit en sa garde, où incessamment il ne faisoit que regretter sa Noemie, parlant à elle comme si presente eust esté, et luy promettant vengence, à si grand regret d’elle que toutes les nuyctz, de trois en trois heures, il se reveilloit, battoit ses bras et ses palmes et s’escrioit à haute voix « O Noemie ! O Noemie ! O Noemie ! » , et reclamant incessamment le Soleil, pour advancer les jours et le temps de son combat contre le serpent ; d’ond il se soucioit aussi peu comme il estoit en gran’pen-