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neantmoins ore, par je ne say quelle transmutation nouvelle, je me sens tant changée, enflammée et affectionnée vers vous (je ne say si c’est ce qu’on appelle amour) que je ne puys vouloir, sinon ce que vous voulez, n’avoir plaisir ne contentement autre que de vous, comme toute en vous transformée. D’ond j’estime estre le moindre devoir que je pourroie et voudroie faire que de vous aimer, vous qui m’aimez et qui m’avez sauvé la vie. Parquoy de bon coeur je vous octroie mon amour, où jamais nul autre n’aura lieu tant que ma vie durera. Je suys de bon droict vostre et par vous conquise ; mon corps et ma vie est en votre puissance, et mon honneur en voz mains, lequel je vous prie me garder, comme noble et franc Gentil-homme que vous estes. »

Alector, tant joyeux que plus ne pourroit estre, la remercia tresaffectueusement en luy implantant frequens baisers sur baisers, passans de la bouche au coeur et (comme l’on dict que par la bouche se met le feu au four) enflammans de plus en plus les premieres estincelles de ce feu couvert, attisé par doux attouchemens de main, allumé par soufflemens de gracieux souspirs, et par fois