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là (que je recognoy estre petit ou nul, au respect de vostre dignité), mais pour tous les services et honneurs que je desire et pretendz vous faire à l’avenir, et pour la grande et indicible amour que j’ay envers vous, je vous requier, ma dame Noemie, et demande en recompense une petite part de ce qu’est en vous le plus abondant, c’est de grace, beauté et amour mutuelle et reciproque.


Car pour aimer et estre aimée
Vous semblez au monde estre née.


Et ceste est la recompense que je vous demande, vous priant ne la me refuser, si ne voulez veoir mesler mon sang avec celluy du Centaure. D’ond peut estre auriez après autant de regret de la perte de vostre loyal ami que vous avés eu de joie en l’occision de vostre ravisseur ennemi. La pucelle Noemie, encore jeune et simple, et qui jamais n’avoit autant ouˇ parler d’amour, aux parolles de ce tant beau jeune Escuyer se trouva toute changée, esmeüe et eschaufée des ardeurs que jamais n’avoit senti, et en parolle tremblant luy respondit : Bel ami, combien que jusques à present je n’ay jamais sceu ne senti que c’est de cest amour duquel tant on va devisant,