Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée

coup de taille, d’ond non obstant la durté de sa peau et le poil herissé il luy trencha les nerfz des jarretz, descouvers jusques à l’os, qui encore en fut entamé. Ce que douloureusement sentant le Centaure, se retourna de rechief en front, et de grand ire se cabra sur Alector, bien pensant l’acravanter des piedz de devant. Le gentil Escuyer, voyant si belle parade, ne s’oblia pas, mais d’un grand coup d’estoc en la poictrine chevalline le passa jusques au coeur du corps humain. Ainsi le monstrueux biforme, frappé à mort, tomba à terre de tous les quatre piedz, se voultrant en son noir sang et jectant un dernier cry, non du tout en parolle humaine, mais entremeslé de l’un et de l’autre, comme d’un homme hennissant ou d’un cheval brutallement parlant, tant qu’il fust tout expiré. Et en cest instant qu’il tomba mort, le Ciel s’espartit en tonnerres, foudres, tempestes et grosses pluyes (qui estoient les diables, comme je croy, emportans l’ame de ce monstre), tellement que necessité nous fut à ma Dame Noemie et à moy, par la suasion et asseurance d’Alector, de nous retirer au creux de la roche qui estoit