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troys filles, Cleronome Zodore et Termaine qui alors luy termina son cierge de vie, veüe et voie, tellement qu’il demoura roide et transi en la mesme habitude de joyeuse et plaisante face qu’il avoit quand à l’extremité d’amour et de joye la coronne luy fut imposée par son cher filz, tellement que nul ne pensoit qu’il fut expiré, sinon que le bon Croniel qui avoit eu revelation de son trespas et qui avoit conféré les visions et oracles, et entendu en privé ses propos, se douta bien qu’il estoit outre. Parquoy l’ayant signifié au peuple, en la presence de tous il le print par la main, luy leva le menton et la teste à prinse de barbe, trois fois par son nom l’appella, et trois fois le conclama. Mais c’estoit pour neant. Car la vie, l’ame, l’esprit n’y estoient plus.

Son filz Alector, plus triste de la mort paternelle qu’il n’avoit esté joyeux de sa gloire nouvelle, l’embraçoit, accolloit, baisoit, appelloit et reclamoit, mais il cogneut que ce n’estoit plus que une statue de chair transie ; d’ond une si grande tristesse et regret le saisit au coeur qu’il s’espasma en sa chaire, de sorte que l’on pensoit que pere et filz fussent mors, tous les assistans estonnez de si soubdaine mutation de joye en dueil, et