Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/327

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour le devorer.

Alors Franc-Gal perdit toute contenance, et son esprit troublé, les genous luy defaillirent. Semblablement tout le peuple devint morné, tenant Alector pour defaict et perdu. Mais le courageux champion, voyant la gueulle mortelle sur luy ouverte, de la dextre main jecta un grand coup d’estoc dedans, qui luy feit une profonde playe en la gorge d’ond s’espandit sang noir et venin roux, escumeux en abondance. Et de la senestre se couvrit de son escu qu’il luy mist au devant. Le furieux serpent, voyant en l’escu la figure du coq d’or, hault elevé, qui naturellement luy est redoubtable, et sentant aussi l’odeur du fourreau faict de la despoille d’une espece serpentine, qui aux autres serpens est exitiale, tant par un soubdain espouventement que par la douleur de la playe en la gorge, se retira en sorte que le gentil combatant eut loysir de se relever et poursuyvre son ennemi, qui, craignant l’escu, la guaine de leberide et la poincte de l’espée qu’il avoit sentie au vif, ne se jectoit plus si advantageusement sur Alector, ains commença à jouer de sa queüe pour de rechief l’abbatre. Mais Alector, qui en avoit esté mouscheté et qui s’en donnoit mieux garde que par avant, à chesque fois que le serpent flagelloit de sa queüe, il sautoit habillement et