Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée

que fois emploié pour moy gratuitement, preste à recevoir pour luy vos traictz et coups mortelz d’aussi bon coeur que je le vai couvrir et embracer.  »

Cela dict, ceste tant belle et gratieuse Gratianne Noemie se jecta de corps et de bras sur ce bel Escuyer Alector, l’abraçant estroictement et le baisant en l’accollant à face et poictrine (que tous deux avoient nues) et le couvrant de tout son corps contre l’offense des assaillans. Ce que voyans, ses freres et parens, ayans entendu sa priere et protestation, et aussi par pytié naturelle et parentalle qui les emouvoit, commençoient jà à se retirer et lever les armes, quand un meschant et malheureux brave mignon, qui longtemps avoit poursuivy l’amour de Noemie Gratianne et jamais n’en avoit sceu finer d’un seul traict de risée, et pource tournant son doux en amer, et son amour et desir en desdaing et despit, pour la grande charesse qu’il voioit la belle Noemie faire à Alector, proposa de les faire mourir tous deux à un coup ; parquoy voyant son oportune occasion, encocha une sagette empennée de legiere inconstance et ferrée d’un fer de dur courroux, trempée au venin de jalousie, qu’il desbanda, pensant