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vous, qui ainsi paisiblement m’avez surprins en dormant et me regardez tant ententivement ? Beau filz (luy respondy je), pour ce que je te pense cognoistre, et si ne t’ay jamais veu, sinon à ceste heure presente, d’ond je rendz graces au souverain. Et le premier mot que tu as proféré en reverence de l’eage (comme je croy), m’appellant du nom de pere, est yssu de ta bouche par instinct naturel. Car ton pere suys je, et toy mon filz, né de la Royne Priscaraxe. Vous estes donc Franc-Gal (dist Alector), le grand chevalier vieux au cheval nageant et volant. Car autre pere ne vueil je recognoistre soubz le Ciel. Franc-Gal suys je vrayement (luy respondy je), et pour t’en donner asseurance, vien t’en avec moy, et je te montreray le cheval nageant et volant. A cela voluntiers il s’accorda, et cheminasmes ensemble devisans jusques au rivage, où je luy monstray mon grand cheval Durat Hippopotame ; lequel voyant tant grand, tant puissant et merveilleux que cent chevaux terrestres n’estoient equiparables, et cheminant mieux sur les eaux que les autres sur terre, il en fut tout estonné, desirant grandement d’estre monté dessus, en regrettant le sien que les bestes sauvages avoient