Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

prins imagination que ce bel escuyer pourroit bien estre mon filz Alector, consyderé mesmement l’espée qu’il portoit, que je recogneu incontinent pour celle que je luy avoie envoiée, qui avoit le fourreau luysant, qui estoit ce que premierement j’avoye veu resplendir, contemplant aussi ses riches habillemens et la chaine d’or au col, indices de noblesse. Oultre ce, je voioie les traictz de sa face retirans à la forme et beauté de la Royne Priscaraxe, voire encore plus beaux et plus admirables, me souvenant d’advantage du soubdain et grand accroiscement que l’on m’avoit mandé de son advancée adolescence. Toutes lesquelles choses ensemble conferées, je me asseuray pour certain que ce jeune escuyer estoit Alector mon filz. D’ond le coeur me commença à attendrir et les yeux à larmoyer de pitié et amour paternelle. Et ainsi que par amoureuse affection je le contemploie, il commença à estendre les bras et ouvrir les yeux, clairs comme fin crystal ; et me voyant devant luy estant et le regardant, il se leve soubdain sur piedz, et après honneste reverence commença son propos par une premiere parolle de verité, me disant ainsi : Bon pere, que voulez