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puys vendions, leurs corps esclaves, ou en abusions luxurieusement s’ilz nous duysoient, combien que celle vie (où povreté orgueilleuse m’avoit conduict) point ne me plaisoit, ains l’avoie en abomination. Et de faict, avoie deliberé après estre remonté de biens, de tuer tous mes compaignons brigandeaux, affin qu’ilz ne feissent plus de mal, et me retirer et retourner à ma premiere vie honnorable et liberalle, et moins prodigue. Mais de celle peine me delivra un mien grand oncle des Macrobes, nommé Franc-Gal, qui est ton pere, lequel je say que tu vais cerchant, et demain je le te feray veoir, pour recognoissance du plaisir qu’il me feit de me delivrer de celle meschante vie que je menoie. Car estant monté sur un hippopotame au fleuve du Tygre, avec quelque compaignie de vaillans gens que cest enorme cheval volant et nageant portoit, nous qui estions en beaucoup plus grand nombre, où nous confions, les invitasmes par faincte courtoisie de prendre terre et venir au repos vers nous, ce qu’ilz feirent, estans paravant bien advertiz quelles gens nous estions ; et de faict, ilz nous cerchoient.