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formes de lievres. Parquoy montre moy tes oreilles et me di qui tu es, si tu es lievre ou Chevalier, qui sont bien fort contraires, car le Chevalier va à cheval et est armé, hardi et vaillant, où le doibt estre ; et le lievre va à pied et est fort paoureux et par nature desarmé de toute defense, de cornes, de dens, de gryphes, de venin, de durté et de tout, fors que de craintive legiereté ; d’ond il est le plus paoureux de tous les animaux et commune proie des aigles en l’air, des chiens en terre et des chamarins en l’eau, tellement que s’il alloit au Ciel pour cercher sauveté, encore ne la trouveroit il pas, mesmement aux jours caniculaires et à l’elevation de l’Aigle. Pource dy moy si tu es Chevalier, ou lievre, ou diable, ou le rieur et mocqueur de qui je me voudroie bien voluntiers venger si je le povoie rencontrer. Je ne suys point le lievre (dist le grand Chevalier noir), mais le lievre que tu as tué et mengé estoit mon compaignon, car il repairoit avec moy en mon sepulcre. Et ne suys paoureux, car plus mal faire on ne me pourroit, et ne le fuz oncques, ains ay esté en mon temps un Chevalier preux, hardi et entreprenant, et de nature franc et