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faim long temps supportée, voyant la nuict obscure venue et craignant perdre son cheval, se pensa de laisser là son rieur, qui autre mal ne luy faisoit, neantmoins le menaceant et l’asseurant que lendemain il le trouveroit et luy feroit bien changer son ris en pleur. Dond cest esprit ridicule (tel qu’il estoit) se print encore plus fort à rire, et à bon droit. Car Alector, celle nuyct, fut bien gardé de trouver son rieur l’endemain. Voyant donc qu’il ne profitoit de rien à se tourmenter après luy, il print un lievre qu’il avoit frappé et tué en un buysson, pensant que ce fust son mocqueur, et à la clarté du fourreau de son espée de la peau colubrine (telle que j’ay dict cy devant), il suyvit le trac de son cheval vers la montaigne, où il l’avoit veu tendre, tant qu’il vint au touffeau d’arbres où il trouva son cheval en l’herbe jusques au ventre, couché, mangeant et se reposant auprès d’une belle et claire fontaine sourdant du pied de la montaigne. Adonc sa colère passée, il dist que son cheval en son espece estoit plus sage que luy, qui après le labeur prenoit repos et repas, où luy se travailloit en vain et en faim. Parquoy, son espée remise au four-