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les trophées fussent inviolables comme les sepulchres, par simple affection et desir monta à piedz droitz sur son cheval, et s’elevant tant qu’il peut, à la poincte de son espée despendit l’escu avec ses courroies, qui estoit pendu au plus hault de l’arbre et au plus beau regard. Mais ainsi qu’il s’estendoit les costes le plus qu’il povoit pour advenir à la hauteur de l’escu, son cheval levant la teste apperceut une belle fontaine ruysselante au pied du mont en touffeau d’arbres, et ayant soif du travail journal, pour aller boire se desroba de dessoubz son maistre, d’ond Alector tomba tout à plat, l’espée nue en main et l’escu auprès de luy. Et à cest instant, il ouyt jecter une grande risée de cachin coquetant à gueulle ouverte. Dond estimant qu’il y eust là à l’entour quelque personne cachée qui en riant ainsi se mocquast de sa cheute, soubdainement se leva, mist l’escu au col et l’espée en main, comme il estoit de nature assez colere et superbe, et autant glorieux d’elevement comme honteux de tresbuchement, en parolle fiere et hautaine ainsi dist : Qui es tu, qui te ris et mocques de moy à cachetes comme d’un lourdault, pour estre tombé, non par foiblesse ou mal’a-