Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’autre jambe au bras droict, et luy escorcher et donner les deux peaux des deux loups-cerviers, ce que le bon homme feit tresvoluntiers. Et Alector encore plus voluntiers les print et en feit de belles bardes à son cheval, disant qu’il avoit bien merité d’avoir part à sa despoille, puys qu’il avoit esté participant du dangier et avoit faict devoir au combat. En quoy ce jeune enfant monstra bien qu’il estoit de noble et franche nature et geniture.

Ayant donc ainsi enharnaché et bardé son cheval de ces belles peaux de loups-cerviers, il monta dessus et congé print de ses hostes, ayant entendu que j’avoie gaigné le hault, delibera pour me suyvre de remonter contremont la riviere impetueuse du Tygre, non pas par le chemin ravissant qui l’avoit apporté, mais par le plus seur chemin de la terre. Et tant chevaucha à plusieurs journées qu’un jour se trouva à Soleil couchant au pied d’une coste du grand mont Caucas, en un plain trifourché en trois voies, où y avoit une place assez ample et spacieuse, et au milieu un trophée dressé sur le tronc et les branches d’un grand vieil arbre mort, chargé de toutes sortes d’harnois, bastons d’armes, de glaives et