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de compagnie de larrons qui voloient toute la region ; d’ond le pays luy en savoit tresgrande grace. De faict, il disoit vray, car en mes voyages sur mer, costoiant les rivages, toutes les bouches des fleuves que je trouvoie j’estoye costumier d’y entrer pour veoir et cognoistre les villes et contrées autour estendues en la continente ; d’ond advint que, passant le goulphe Persique, au long de l’Arabie, et voyant les bouches de ce beau fleuve Tigre tombant en mer, j’entray dedans et montay contremont, et d’adventure appercevant une Caravanne d’Arabes brigandz et voleurs qui, soubz la conduicte d’un preux et vaillant, mais mauvais chevallier, infestoient tout ce pays là, tant que j’en avoye entendu les complainctes populaires, terre prinse avec mes gens (ou aussi bien nous invitoient ilz par feincte, pour nous brigander), et nous ruasmes sur ceste canaille mal couverte, de telle hardiesse et exploict que d’un grand nombre qu’ilz estoient, n’en demoura que cinq qui se sauvarent à la fuyte, et les poursuyvismes jusques au mont Caucas où du tout les defeismes, mesmement le grand chevalier qui por-