Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/229

Cette page n’a pas encore été corrigée

et une petite nacelle. Ce bon homme pescheur, voyant les deux loups-cerviers mors, fut bien esbahi de la proesse qu’il voyoit estre en un si jeune personnage et bien compassionné du mal qu’il luy voioit souffrir. Parquoy s’approcha avec salut et humaine parolle, et à force de mains, de coups de caillou sur les maschoires du loup, et avec un costeau qu’il avoit, luy desserra les dens et en delivra le bras d’Alector ; lequel voyant sa victoire au premier combat d’espée qu’il eut jamais faict, de grande joye se print à chanter hault et clair en langage Scythic, Cokalestis, qui est à dire Victorieux. Et sur ce, le pescheur le mena en sa maisonnette et luy lava ses playes dentelées de vin et miel tiede avec sauge ; appliquant dessus des fueilles de l’herbe peoesne, le banda de la peau du pied couppé au loup-cervier qu’il alla escorcher tout chaudement, d’ond il luy couvrit le bras, celle peau de jambe y joignant aussi justement comme si ce eust esté un manchon faict tout exprès. Ce pendant une vielle femme qu’il avoit, mist cuyre du poisson bouillyr en l’eau et d’autre rostir sur le gril, puys estendit sur terre un large cuyr de cerf tout taillé en rond et couvert de pain d’orge assez blanc, cuyct sur