Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’ond la beste enragée se print à huler hideusement, et ainsi comme Alector pensant l’avoir tuée se baissoit pour lever son chappeau et se couvrir, le loup-cervier par rage mortelle luy vint saisir le bras qu’il avoit nu à ses dens agües, si angoisseusement que de la douleur qu’il sentoit à peu près que le coeur ne luy failloit. Mais sa noble hardiesse luy feit reprendre force ; d’ond il rua un coup d’estoc de sa bonne espée dans le corps et le coeur de la sauvage beste, tellement que au retirer tout le sang et la vie luy saillit et la force luy faillit, et neantmoins les dens demeurarent au bras par convulsion mortelle si serrée que Alector ne se pouvoit defaire de la beste morte, car il n’avoit qu’une main delivre d’ond il se peut ayder. Son cheval d’autrepart avoit tant pestellé au piedz de devant l’autre loup-cervier, et tant battu de ruades, et si fort serré le col à belles dens qu’il l’avoit achevé de tuer ; et gisoit le loup mort, estendu sur terre, le cheval auprès ronflant et hennissant. A ce bruyt sortit un pescheur de sa case qu’il avoit là auprès, pource qu’il gaignoit sa vie à pescher des poissons sur le fleuve, avec des nasses, des filletz