Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

trace par la vuyde campaigne de l’air, à leur voluntaire plaisir, et les abandonnant librement avec aussi peu de souci et regret par asseurance de leur grandeur, comme ilz en avoient eu de cure et d’affection en leur petitesse par defiance de leur infirmité. Et ainsi les envoient à l’aventure, combien que veüe l’immense spaciosité de l’air, de mille voies, marques et parties designée ou confinée (comme est la terre), ilz n’en esperent jamais le retour, ne la revision, ne recognoissance, voire que quand encore ilz ne se voudroient desnicher, mais se apparesseroient dans le nid, comme les Coquz, les peres et meres les battroient des ailes, grypheroient des ongles et becqueteroient tant qu’ilz les chasseroient par force hors du nid, où nul oyseau de bonne vole ne doibt et ne veult demourer depuys qu’il a plumage et force à s’elever en plus hault air. Voilà ce que je di, Madame. Et de plus m’avancer de parler en vostre honnorée presence, la honte juvenile, la reverence maternelle et la craincte filiale de refus me le defendent. Mais je say vostre prudence estre tant grande que assez entendez à quelle fin tend ceste mienne parolle. Adonc la Royne