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Dond ilz sont par les navigateurs appellez les mons du Diable. Ces malins espritz retirez en leurs chasteaux Acrocerauniques, la mer après un branlant esmouvement de deux heures, pour se rasseoir demoura si tranquille, calme et bonace, et si egalle qu’elle sembloit une campaigne de verre, sinon que par dessus alloient flottans des nidz d’oyseaux marins, bastiz, tissus et entrelacez de pampes de vignes et d’espicz de blé, par telle architecture naturelle que à peine les eust on peu coupper ne rompre à coups de coignie, et de tant bel artifice que nul Vergier ou Topiaire ouvrier n’en pourroit faire de semblables. Et cela estoit au temps de la Brume, environ le quatorziesme de Decembre, au Solstice hyvernal, lors que le Soleil est au tropic du Capricorne. A quoy je cogneu que les oyseaux vogans dans ces beaux nidz estoient Halcyones en ce temps nidifient, couvent et esclouent leurs petitz, auxquelz oyseaux Nature a concedé tant de grace et privilege que par l’espace de quatorze jours, les eaux et les vens semblent leur obeyr, et en ce temps (qui est le plus fort de l’hyver) appaiser leur rigueur et s’adoucir, en telle et tant paisible